10 juillet 2013
DE CHOPIN À CUBA
« Paris, le 10 juillet 2013. Excellent concert, le premier de deux que propose la jeune et déjà très célèbre pianiste française Lydie Solomon, consacré à établir un lien inédit entre Frédéric Chopin (1810-1849) et les classiques de la pianistique cubaine. Et cela avait lieu dans la salle de L'Archipel, en plein centre de Paris, le soir du 9 juillet.
Lydie ne s'est pas contentée d'interpréter d'une façon techniquement parfaite les difficiles partitions, mais a donné un exemple véridique d'éclectisme et de continuité mélodique, en entraînant les influences européennes jusqu'à la musique cubaine et en présentant, à la fin, une pièce de son autorité qui mêle de façon pertinente le romantisme de Chopin et la mélodie afro-cubaine de Lecuona. Tâche difficile, mais pas impossible, et manifestement accomplie sous la direction artistique du maestro Thierry Lier.
Lydie Solomon a commencé son récital par une interprétation de la Polonaise-Fantaisie de Chopin (1810-1849), poursuivie par une pièce d'un ami et condisciple de Chopin, Julian Fontana (1810-1869), qui dans les années 1840 a déménagé de Paris à La Havane, où il joua pour la première fois des œuvres de Chopin et enseigna le piano, notamment à Nicolás Ruíz Espadero (1832-1890). A propos de ce compositeur, Lydie a joué pour la première fois en France sa Grande Fantaisie Cubaine, une œuvre magnifique restaurée par un travail assidu du maestro Cecilio Tieles, œuvre que Lydie découvrit lors de son voyage à Cuba grâce à un autre maestro cubain, Roberto Chorens.
Le lien pédagogique de Ruiz Espadero avec Ignacio Cervantes (1847-1905) était palpable dans la Serenata Cubana, connue et appréciée, suivie de la classique Habanera Tú, de Eduardo Sánchez de Fuentes (1874-1944), qui a pu compter sur la justesse de l'interprétation vocale de Lydie. Le concert s'est poursuivi avec différentes pièces d'Ernesto Lecuona (1895-1963) de la suite Andalucía, ainsi qu'une pièce centrale dans son œuvre, la Rapsodia Negra, que Lecuona interpréta en personne à Paris devant George Gershwin, ainsi qu'un splendide retour à Chopin avec le Nocturne No. 20 en do mineur, pour conclure avec une pièce de l'interprète elle-même, Rhapsolydie, une sorte de tribut payé à toutes ces influences entremêlées pendant deux siècles entre l'Europe et les créateurs cubains.
Lydie domine totalement son instrument, et sa versatilité lui permet de s'acquitter parfaitement de sa tâche devant une sélection aussi variée de pièces, avec une technique impeccable et une incarnation de la passion qui se retrouve dans son interprétation. Un grand luxe dans la nuit parisienne.
Lydie, qui participe aussi aux activités de l'association de solidarité Cuba Sí France, prévoit de retourner à Cuba pour offrir son art et continuer à faire le lien entre les peuples et les cultures, avec une nouvelle fougue et un répertoire de première qualité pour 2014.
Lors de son second concert, Lydie interprétera d'autres œuvres des mêmes compositeurs, montrant toute sa connaissance et sa capacité à s'approprier des codes musicaux qui jusqu'à maintenant avaient été si peu écoutés en France.
Ce premier concert a pu compter sur la présence de l'ambassadeur cubain en France, Orlando Requeijo.
(Cubaminrex/Embacuba Francia) »