7 mars 2014
Lydie Solomon dans « C à vous, la suite », présentée par Anne-Sophie Lapix, sur France 5, le 7 mars 2014. Avec en invité principal Michel Bouquet.
Lydie Solomon est interviewée par Jérôme Béglé, qui l'interroge sur son passé d'enfant prodige, son CD « Eldorado », et la sortie de son prochain album, « De Chopin à Cuba » :
« – Anne-Sophie Lapix : Jérôme, je crois que c'est le moment de nous présenter plus amplement votre invitée.
– Jérôme Béglé : Lydie Solomon, bonjour ! Vous êtes née en 1981, vous êtes pianiste virtuose – on vous écoutera dans quelques instants – et vous avez commencé à jouer à l'âge de 2 ans, ai-je lu. Est-ce qu'à 2 ans on joue soi-même, ou on est fortement poussé, incité, forcé, si j'ose dire, par ses parents ou par son entourage ?
– Lydie Solomon : J'avoue que je ne me suis pas posé la question, parce que 2 ans, je n'ai aucun souvenir. Tout ce que je sais, c'est que… on m'a raconté, parce qu'évidemment je n'en étais pas consciente à ce moment-là, j'étais attirée par le piano et que le premier air que j'ai entendu, c'était « L'Hymne à la joie » de Beethoven, et je l'ai joué d'oreille…
– Jérôme Béglé : Pas mal !
– Lydie Solomon : … quand j'avais 2 ans, donc là, on m'a mis le grappin dessus, on m'a mis l'étiquette « Prodige » et…
– Jérôme Béglé : Evidemment, vous avez des dispositions que nous autres n'avons pas !
– Lydie Solomon : Voilà.
– Anne-Sophie Lapix : Vous l'avez peut-être joué à la flûte…
– Jérôme Béglé : Ben, à rien du tout !
– Anne-Sophie Lapix : … quand vous étiez à l'école !
– Jérôme Béglé : Peut-être… Vous avez 10 ans quand vous avez donné votre premier concert, votre premier récital. C'était en Belgique. Là, à 10 ans, vous avez un souvenir, c'était un moment agréable, c'était une espèce d'apothéose, ou c'était le train-train quotidien ?
– Lydie Solomon : Ben, le train-train, non, parce que c'était mon premier récital, donc, quand même, il y avait une certaine appréhension. Mais j'ai surtout le souvenir de l'après-concert, c'est-à-dire que, donc, j'ai joué, j'étais très heureuse de jouer devant mon public, mais ce qu'il s'est passé c'est qu'après, par contre, le public m'a couru après pour me demander des autographes. Et je me souviens que je me suis enfuie et j'ai grimpé dans un arbre et je suis restée dans l'arbre, comme ça, et ma copine qui venait me chercher : « Viens, Lydie, tu dois signer des autographes ! » Et moi j'étais sur une branche et je voulais y rester parce que j'avais joué, et toute la partie représentation, com, c'était un peu superflu pour moi.
– Jérôme Béglé : Alors, pourtant, en 2006, il y a une espèce… est-ce que c'est une lassitude ou est-ce que c'est un ras-le-bol, vous vous dites : « Tiens, j'ai envie de faire le Cours Florent », et vous faites le Cours Florent. C'est vraiment parce que vous ne pouviez plus souffrir un piano ou parce que vous vouliez vous donner une deuxième corde, si j'ose dire, à votre arc ?
– Lydie Solomon : En fait, c'est un peu les deux, parce que j'avais besoin de prendre du recul par rapport à ce qui avait été ma passion mais que mon entourage s'est un peu appropriée, parce qu'évidemment quand on est un enfant un peu doué, on le catalogue de prodige et puis on lui met le grappin dessus et on le fait tourner comme un singe savant. Et en fait, c'est cette expérience qui m'a permis de revenir au piano de manière plus authentique. Parce qu'après, quand j'y suis revenue, donc, en 2011, cela a été mon choix libre, et là, plus question qu'on me prive de ma liberté, notamment, je vois que vous montrez cet album… »
– Jérôme Béglé : Alors, vous avez fait en 2012 ce disque, qui s'appelle « Eldorado », sous titré « De Padre Soler à Piazzolla », et puis, vous sortez au mois de mai un deuxième disque qui est une peu plus… encore plus facile à comprendre, c'est « De Chopin à Cuba », c'est-à-dire, c'est comment Chopin a totalement influencé, dites-vous, la musique cubaine.
– Lydie Solomon : Voilà, en fait, c'est une histoire que personne ne connaît parce qu'évidemment, Chopin à cette époque…
– Jérôme Béglé : Pour nous il est polonais, il est d'Europe centrale, un peu français, mais pas plus…
– Lydie Solomon : … il est polonais, il n'est jamais allé à Cuba, il n'y avait pas Youtube à l'époque, donc comment Chopin a pu influencer Cuba et les musiciens cubains ? Et en fait c'est très simple, c'est son ami d'enfance, qui s'appelait Julian Fontana, qui était un grand pianiste et compositeur aussi, mais qui était l'homme à tout faire de Chopin : il recopiait ses manuscrits, il les présentait aux maisons d'édition, il a même changé des mesures ! Il lui achetait aussi des chapeaux et des pâtés, enfin… et puis un jour il s'est dit : il faut peut-être que j'existe par moi-même ! Donc il est parti à Cuba, et le 8 juillet 1844, il a joué pour la première fois la musique de Chopin à Cuba, et il l'a transmise à des jeunes prodiges de la musique cubaine qui se sont transmis de génération en génération cette musique de Chopin, jusqu'à l'exemple le plus flagrant qu'on peut entendre, c'est Buena Vista Social Club, qui est vraiment… on entend ces mélodies très lyriques…
– Anne-Sophie Lapix : Ah oui ! Interplanétaires… enfin, interplanétaires… internationales !
– Lydie Solomon : … voilà, internationales, et…
– Jérôme Béglé : Calmons-nous !
– Anne-Sophie Lapix : Voilà, calmons-nous, calmons-nous !
– Lydie Solomon : … et c'est une histoire que personne ne connaît, mais voilà, c'est un peu le secret de la recette de la réussite de ces grands génies cubains, en tout cas.
– Jérôme Béglé : Alors, parler de Chopin et de la musique cubaine c'est bien, l'écouter c'est mieux, alors vous allez faire quelques mètres derrière vous et vous allez jouer un morceau de Fuentes qui s'appelle Habanera Tú, qui sera sur le disque qui sort au mois de mai, et on vous écoute avec impatience et passion…
[Lydie Solomon interprète Habanera Tú en direct sur le piano du studio]
– Jérôme Béglé : Bravo !
– Anne-Sophie Lapix : Bravo !
– Jérôme Béglé : Merci et bravo ! Habanera Tú de Fuentes. C'est un album qui sortira au mois de mai, qui s'appelle « De Chopin à Cuba ». Bravo !
– Anne-Sophie Lapix : Venez, venez avec nous, Lydie, pour la photo finale. On ne va pas se déplacer, on va juste regarder la personne qui est juste derrière Jérémy, qui va nous prendre en photo. Je rappelle donc, Michel Bouquet, que vous êtes au Théâtre Hébertot, tous les soirs à 19 heures : « Le roi se meurt », aux côtés, justement… enfin aux côtés… pas exactement au même moment mais, avec Grégory Gadebois qui lui, joue dans cette pièce « Des fleurs pour Algernon ». On va… on va se quitter, on va se retrouver lundi avec Kev Adams et Franck Dubosc. Bon week-end sur France 5. Bonne soirée ! Merci, merci beaucoup à vous !
[en jingle de fin d'émission : Habanera Tú interprétée par Lydie Solomon] »
“C à vous, la suite”, France 5 (Anne-Sophie Lapix, Jérôme Béglé), 07/03/2014