19 août 2016
« La collégiale était presque trop petite pour contenir tout le public venu assister au concert de Lydie Solomon. Cette phrase n'est pas une image ou exagération, elle dit un fait. Il y avait des spectateurs debout tandis que de nombreux autres avaient pris place dans le chœur grâce à l'aimable invitation du père Gérard Debord. À l'évidence, la réputation de Lydie Solomon l'avait précédée et le moins qu'on en puisse dire, c'est qu'elle n'est pas usurpée. Et pourtant, se produire à l'orgue était une première pour la pianiste. Un orgue historique dont, tout au long du récital, elle rappela le parcours mouvementé et dit combien elle appréciait l'instrument. Elle rendit également hommage à Michel Trilha († 2013) qui pendant cinquante ans en fut le titulaire assidu lors des offices dominicaux. Castelnau a vécu un grand moment de musique. Le mérite en revient d'abord à l'artiste mais aussi à l'association Les Amis de l'orgue, initiatrice de ce concert remarquablement organisé.
Un voyage de quatre siècles
C'est avec William Tisdall, compositeur du XVIe siècle, que débuta le récital qui emmena l'auditoire jusqu'aux portes du XXe siècle avec César Franck. Les étapes furent aussi variées que belles : Louis Couperin, Johann Sebastian Bach, Georg Friedrich Haendel, Padre Antonio Soler, Wolfgang Amadeus Mozart, Frédéric Chopin, Franz Liszt et Charles-Marie Widor. Chaque pièce jouée était enrichie d'un commentaire de l'organiste. Son propos fut tour à tour historique, anecdotique, souriant ou émouvant, mais toujours pertinent. Chaque partition offrit au public un moment rare, alliage de grâce et de talent. Comment une «novice» de l'orgue pouvait-elle atteindre un tel niveau de maîtrise, de virtuosité et de décontraction? Ses doigts volaient sur le clavier, son jeu révélait une grande personnalité d'interprétation, l'assistance était conquise. L'ovation finale en fut l'éclatante démonstration. Si, d'un geste, Lydie Solomon associa l'orgue de Dom Bedos de Celles à son succès et l'en remercia, le moine bénédictin, depuis son paradis, peut à son tour remercier Lydie Solomon d'avoir, en cette superbe soirée, tiré la quintessence de l'instrument qu'il réalisa en 1760. »
La Dépêche du Midi (Roland Vieuxtemps), 19/08/2016