Lydie Solomon Pianiste

La pianiste Lydie Solomon illumine le Belles-Rives – Nice-Matin

21 mars 2019

Seule à son piano, l'actrice, femme de lettres et donc musicienne effectuera, ce soir son Voyage dans l'âme. Un dîner-concert organisé par l'association Féminin Pluriel

Pianiste virtuose, actrice, femme de lettres, Lydie Solomon s'installera, aujourd'hui, à partir de 19 heures, dans le cadre prestigieux du salon Fitzgerald de l'hôtel Belles-Rives, à Juan-les-Pins. L'invitée de Marianne Estène-Chauvin donnera une soirée concert exceptionnelle qui préludera à un dîner-rencontre organisé sous l'égide de l'association Féminin Pluriel. Cette jeune femme de grand talent, témoignera de sa passion pour la musique et de son riche parcours humain et artistique mené au plus haut niveau et jalonné d'expériences inédites. Rencontre.

Comment avez-vous connu Marianne Estène-Chauvin ?
C’est un hasard heureux. J’étais en vacances à Juan-les-Pins mais le quotidien d’une concertiste étant de devoir pratiquer cinq heures par jour son instrument, je cherchais un piano pour pouvoir travailler. Marianne m’a permis de le faire tous les matins dans le bar de son hôtel. Ce furent des moments privilégiés. Je me suis aperçue que des clients prenaient du temps pour m’écouter. Nous nous sommes enfin rencontrées et j’ai trouvé une femme sensible, amoureuse des arts et des artistes. Nous avons beaucoup parlé et elle a eu envie d’organiser cette rencontre, ce que j’ai accepté bien volontiers.

L’histoire de votre vie est peu commune. Comment avez-vous commencé le piano ?
Il y avait un piano à la maison mais aussi le rêve secret d’une maman née dans une Corée meurtrie par la guerre. Cet instrument me fascinait. A deux ans je jouais d’oreille. A cinq ans je suis entrée sur dérogation à l’école normale de musique de Paris, puis à 15 ans au Conservatoire national supérieur où j’ai eu mon prix à 18 ans. Le parcours d’une enfant prodige sûrement mais je ne me sentais pas comme telle.

Vous n’avez pourtant pas suivi la voie habituelle ?
A partir de 20 ans j’ai commencé véritablement à chercher quel serait mon chemin humain et artistique. Tout en travaillant le piano et en donnant des récitals dans le monde entier en dehors des circuits habituels, j’ai eu besoin de prendre une certaine distance avec mon instrument. J’ai suivi des études à l’ESSEC, j’ai fréquenté le cours Florent et je suis devenue comédienne à la télévision et au cinéma. Le rôle de Bernadette Soubirous interprété à l’écran m’a remenée vers le piano.

Une rencontre a été déterminante ?
Oui il y a un an j’ai rencontré Michel Sogny, un pianiste et pédagogue qui a éclairé mon parcours d’une manière nouvelle ainsi qu’un nouvel agent. Cela a été pour moi l’occasion d’une remise en questions personnelle complète. Cet homme me fait progresser vers les derniers mètres de ce parcours invisible qui permet à l’artiste d’exprimer pleinement sa sensibilité et la liberté absolue pour communier au plus profond de la musique. D’autre part devenue maman d’une petite Ernestine il y a 5 ans, je suis entrée ainsi dans l’expérience de l’instant présent, de la transmission de l’amour et ces bouleversements ont donné de la densité à ma démarche d’interprétation.

Ce récital au Belles-Rives ?
Je l’ai intitulé Voyage dans l’âme. Je vais jouer trois Prolégomènes à une Eidétique Musicale de Michel Sogny, la Fantaisie en ré mineur de Mozart, les études opus 10 n°8 et 10 de Chopin, la sonate n°31 opus 110 de Beethoven et l’étude d’exécution transcendante Appassionata de Liszt. Pour la plupart ce sont des œuvres qui font partie de moi depuis ma jeunesse. Elles me définissent complètement et m’ont fait explorer tous les registres de l’émotion, de la fougue, de la passion mais aussi le mystère de la fragilité et de la grandeur humaine. Je redonnerai ce programme dans quelques jours salle Cortot à Paris.

Vous aimez partager cela avec votre public ?
Oui. Lorsque je suis en concert je donne le meilleur de moi-même. Même si je sais que rien n’est jamais parfait et que je suis perpétuellement en quête d’un idéal inatteignable, c’est magique de pouvoir exprimer ce que je suis à travers ces œuvres qui font que le temps et l’espace s’effacent. Cette sorte de rapport amoureux me galvanise et ne fait que renforcer mon besoin d’approfondir mon art, d’aller toujours plus profondément dans cette liberté technique et d’interprétation qui donne sens à ma vie de femme et d’artiste et fait que je me sens désormais pleinement en accord avec moi-même.

Nice-Matin (Philippe Depétris), 21/03/2019