Lydie Solomon Pianiste

Lydie Solomon, une pianiste chantant en castillan – Classique d’aujourd’hui

29 décembre 2011

Mercredi 28 décembre 2011
Théâtre de l’Ile Saint-Louis Paul Rey (IVe arrond.)

“Autre récital, cette fois dans un théâtre de poche, le Théâtre de l’Ile Saint-Louis Paul Rey (1), guère plus grand que celle du récital ci-dessus, celui proposé par la jeune française d’origine coréenne Lydie Solomon, au parcours atypique. Enfant prodige, elle a en effet commencé l’étude du piano à deux ans, donné son premier récital à dix ans, avant d’entrer à 14 ans au CNSMDP d’où elle est sortie quatre ans plus tard avec sept premiers prix… tout en se lançant dans des études de gestion dans l’une des plus grandes écoles de commerce françaises, l’Essec, d’où elle sort pourvue d’un MBA (Master in business administration) en 2006, et en se produisant comme actrice de cinéma et sur scène comme chanteuse. Cet éclectisme singulier atteste certes d’une tête bien pleine mais qui n’empêche pas une authentique sensibilité, du moins si l’on en croit son récital, à la fois dense, riche et varié, mais dont l’atmosphère générale a été un peu perturbée par une voix off présentant à l’auditeur les étapes successives d’un parcours à travers l’Espagne des XVIIIe, XIXe et XXe siècles, de Barcelone à Cadix, en passant par Séville, Madrid et Malaga et jusqu’aux… Caraïbes. Intitulé Eldorado I, à l’instar du CD paru en 2011 chez Intrada, ce récital présage d’une suite qui s’annonce sous la forme d’une trilogie dont le prochain volet sera entièrement consacré à l’Amérique latine. En ouverture de programme, Lydie Solomon a donné sur un quart de queue Blüthner au médium métallique le deuxième Prélude du premier volume du Clavier bien tempéré de Jean-Sébastien Bach, qu’elle joue l’air de rien, le geste simple et délié suscitant un contrepoint limpide, avant de brosser sobrement mais avec ductilité une neuvième Sonate de Domenico Scarlatti transcrite pour piano par Enrique Granados, suivie d’un Fandango d’Antonio Soler. Aussi convaincante et vraie a été sa lecture de pages de Granados, Albéniz, Falla, tandis que le Sacro-Monte de Turina et le triptyque Cordoba-Gitanerias-Malagueña du Cubain Ernesto Lecuona (1895-1963) se sont avérés particulièrement festifs. Reste à espérer que Lydie Solomon persiste dans sa carrière de musicienne pour laquelle elle possède tous les atouts en choisissant d’oublier sa casquette de femme de marketing, pour prendre définitivement conscience qu’elle est une artiste, pas un produit.

Classique d’aujourd’hui (Bruno Serrou), 29/12/2011

(1) Ce récital sera suivi en ce même théâtre d’un deuxième volet, du 5 janvier au 3 février, et d’un troisième, les 9 et 10 février. www.theatre-ilesaintlouis.com