6 octobre 2022
“UNE STAR A CASTELNAU-MAGNOAC”
“Lydie Solomon, une prodige du piano”
“Enfant précoce devenue pionnière, Lydie Solomon est l’une des pianistes les plus réputées de son temps. Entretien avec une virtuose qui a choisi les coteaux du Sud-Ouest comme lieu d’inspiration.”
“Castelnau-Magnoac, bastion de Gascogne. 800 âmes perchées à flanc de colline, regroupées autour de sa collégiale, de sa place de l’Estelette et de son hôtel Dupont. Vibrant à la vue d’un ballon ovale, de sa star locale, au tintamarre du marché. Le paysage se couple à l’atmosphère : frais et paisible. C’est dans cette quiétude que Lydie Solomon, 41 ans, a choisi de continuer à faire valser ses doigts, à la recherche d’inspirations toujours plus novatrices. Elle, l’enfant de Paris qui n’a eu de cesse de parcourir les mégapoles durant sa vie, a préféré interrompre la frénésie et trouver son bonheur… dans le silence. “Ici, quand je jette un regard à la fenêtre, je rencontre des paysages dépaysants, avance-t-elle, Comme l’impression d’être en Afrique, en Nouvelle-Zélande. Cette région est différente. Pour moi, c’est fondamental de quitter ces villes que je connais si bien, pour me rapprocher du langage de ces compositeurs qui n’ont pas connu les mégapoles. Chopin, Beethoven, étaient en silence, inspirés par les éléments de la nature, le chant des oiseaux, la végétation, le ciel. Il faut se nourrir de la nature.”
ARTISTE, CET ETRE POLYVALENT
Le point de départ de l’artiste, si l’on part du principe qu’à deux ans, l’enfant prodige ne se souvenait pas d’avoir joué ses premières notes de piano, fut sans doute sa première représentation en public, dans ce château de Belgique, à 9 ans : “J’étais tellement pétrifiée à l’issue du concert, de voir ce public me courir après pour demander des autographes, que je suis allée me cacher dans un arbre. C’était une première expérience. Aujourd’hui, je vis bien la célébrité. Je pratique un travail de sacrifice, où on renonce à beaucoup de choses dans la vie pour s’adonner à son art. Et la clé de ce sacrifice, c’est de rendre les gens que l’on touche par notre musique heureux.”
“La clé de ce sacrifice, c’est de rendre les gens heureux à l’écoute”
Avant d’atterrir à Castelnau-Magnoac, Lydie a donc roulé sa bosse. Et c’est un euphémisme. Déjà 30 ans qu’elle se représente dans le monde entier. Dubaï, Varsovie, Mexico, Madrid… Sans jamais arriver à bout de souffle. La pianiste se régénère, encore et encore, et repousse les limites de son propre art. “J’ai eu la chance de voyager, de rencontrer des populations, des syntaxes, des langues, des façons de penser différentes, poursuit-elle. Cela enrichit, nourrit, mais ne suffit pas forcément. Composer doit venir à soi de manière irrésistible, c’est un appel, on ne se pose pas de question. L’inspiration est éminemment mystérieuse et infinie.”
Surnommée la “Lang-Lang au féminin” par ses pairs, Lydie Solomon est devenue une pionnière indéboulonnable de l’instrument à cordes frappées. Pas moins de cinq albums vendus en millions d’exemplaires, des tournées aux quatre coins du globe. Une réussite divine et presque insolente qui pourtant a été mise entre parenthèses le temps d’un interlude tout aussi artistique. Entre 2008 et 2010, Lydie Solomon devient Lydie Waï. Elle entre au cours Florent et, aux côtés des meilleurs metteurs en scène américains, elle suit une formation d’Actors Studio. Ce parcours l’amène à jouer le premier rôle féminin dans le long métrage “Vivre !” réalisé par Yvon Marciano et sorti en 2009, où elle joue Kim… une pianiste. Bien fatiguée. Ce qu’elle n’a jamais été. “Un artiste n’est pas dans une case, clame Lydie. S’il est défini par un médium qui l’a fait connaître, il n’est vraiment artiste quand il sait peindre, dessiner, composer, que quand il s’essaie à d’autres formes d’art. C’est hyper important pour trouver un second souffle dans sa spécialité. Je ne voulais pas devenir un robot du piano.”
“MON PIRE CONCERT ETAIT UNE VRAIE LECON DE VIE.”
“J’ai voulu monter un programme sur une base d’un morceau d’Enrique Granados, détaille l’artiste. Sa musique est écrite, mais est en réalité totalement improvisée. C’est fou de créativité. Je me suis mis la pression, montant sur scène et faisant face dans l’audience à Universal, la médaille Fields. Pour la première fois de ma vie, j’ai perdu le fil des notes. Mais j’en ai été fière. En improvisant de A à Z, il se trouve que je n’ai jamais eu autant de succès. Les gens étaient émus. Je n’avais plus mes doigts, plus ma lumière, mais j’ai donné avec la pauvreté de mon cœur. Et c’est bien cela qui a touché les gens, une vraie leçon de vie. Je n’ai jamais oublié cette leçon d’humilité.”
A 41 ans, Lydie Solomon semble insatiable. Talentueuse, brillante, pétillante, unique. Le monde s’arrache l’une des meilleures pianistes. L’artiste française va parachever 2022 par une tournée au Mexique sur des bateaux de croisière, en parrainage avec Paris Match. Des séries de concerts sur fond de décor idyllique, joués par une muse d’un autre temps.”
“Si précoce
- A 2 ans, Lydie joue ses premières notes de piano sur “L’hymne à la joie” de Beethoven.
- A 10 ans, elle donne son premier récital, avant de remporter le Prix Radio France à 13 ans.
- A 19 ans, déjà connue à l’international, elle obtient une mention très bien au C.N.S. de Paris.”