12 août 2016
« “Notre” chère virtuose avait prévu deux concerts cet été en Magnoac : ce furent deux grands succès. Le premier, un soir, en plein air, sur les terrasses de l'Eglantière, le second aux commandes de l'orgue Dom Bedos, à la Collégiale de Castelnau.
A l'Eglantière, cette troisième édition du récital fut un délice de fraîcheur, de qualité et d'organisation. Comment traiter avec sérieux les grands musiciens classiques sans ennuyer quelques non initiés ? Tout simplement en faisant appel à Lydie Solomon ! Son sens de la pédagogie dans le commentaire, son inventivité, son originalité éclairent la virtuosité de son jeu. Bref, c'est pour tous un régal.
Cette anné, clin d'oeil à la Coupe du Monde et aux Jeux Olympiques, elle a osé inviter les pays européens à s'affronter dans une joute pianistique. C'est ainsi que se sont mesurés Wagner pour l'Allemagne, Haendel pour l'Angleterre, Mozart pour l'Autriche, Franck pour la Belgique, Granados pour l'Espagne, Ravel pour la France, Liszt pour la Hongrie, Field pour l'Irlande, Vivaldi pour l'Italie, Chopin pour la Pologne et Stravinsky pour la Russie… A l'inverse du sport, chacun, selon ses goûts, aura pu choisir son vainqueur.
À la Collégiale de Castelnau, dans une église comble, Lydie Solomon, frêle silhouette aux commandes d'un gigantesque vaisseau du 18e siècle, nous dressa un magistral historique de « l'orgue à travers les âges ». Organisé par l'association « Les amis de l'Orgue de la Collégiale », ce récital fut un triomphe. Pianiste virtuose certes mais pas organiste, Lydie Solomon s'appropria cet instrument monumental pour en tirer des sonorités rarement entendues. Pilote d'un outil pluricentenaire, l'interprète fit vibrer ce soir-là l'orgue canonique, classé monument historique, avec la fougue de sa jeunesse et les musiques de Tisdall, Couperin, Widor, Bach… etc.
À égalité de talent, la présentation des morceaux intégrés dans l'histoire de l'orgue, son dosage, son évocation éloquente du souvenir de Me Trilha, organiste de cette collégiale, son humour aussi pour détendre ou conforter l'attention : tout était parfait.
Une véritable actrice, vive et pétillante, volontaire, musicienne et pianiste virtuose qui se produit dans le monde entier et qui ose un instrument nouveau en public… ce n'est pas chose commune.
Mais comme pour Francis Perrin et son « Molière malgré moi », avec Lydie Solomon, le Magnoac n'est-il pas devenu le pays des avant-premières ? Quelle chance pour nous, quand elles sont de cette qualité ! »
Les Collines du Magnoac (Maurice Féraut), août 2016