Lydie Solomon Pianiste

Pianiste prodige – Abu Dhabi Week

2 octobre 2014

« Pianiste prodige »

« Depuis qu'elle a commencé à apprendre le piano à l'âge tendre de deux ans, Lydie Solomon s'est hissée au rang d'étoile dans le monde de la musique classique, donnant son premier concert à tout juste 10 ans. La pianiste française primée ouvrira la saison 2014-2015 des Abu Dhabi Classics par un hommage spécial à Chopin. Nous l'avons saisie au vol entre deux concerts. »

« Vous avez commencé à un très jeune âge. Pensez-vous que la musique et les arts sont importants pour les enfants ?

Je pense que la musique et l'art sont très importants pour développer le sens de la discipline chez les enfants, mais aussi leur sensibilité et leur générosité, ainsi que leur personnalité. Mais donner des concerts de très haut niveau à un jeune âge peut être dangereux si la seule chose enseignée aux enfants est le sens de la compétition, qui est fondé sur la comparaison et le classement. L'Art est fait de créativité et de diversité.

Vous avez donné des concerts dans différents pays durant votre carrière. Trouvez-vous l'inspiration dans la culture et la musique étrangères ?

Oui, c'est vraiment cela. Quand j'ai fait une tournée à Cuba il y a deux ans, j'étais totalement immergée dans la musique cubaine. Cela m'a permis de découvrir les liens entre la musique de Chopin et la musique cubaine, ce qui m'a conduite à mon nouvel album De Chopin à Cuba. Au Mexique, j'ai découvert une expression musicale pleine d'exagération, inspirée par la richesse de leur style baroque hérité du passé.

Toutes ces rencontres m'ont permis de découvrir de nouvelles possibilités dans mon expression pianistique. Je suis très enthousiaste à l'idée que les Abu Dhabi Classics m’aient offert la possibilité de jouer pour la première fois dans un pays arabe, et de donner une master class à des étudiants. Je suis certaine que cette expérience me mènera à de nouvelles découvertes musicales et humaines.

Qu'est-ce qui vous inspire dans la musique classique ?

J'ai découvert Beethoven quand j'étais encore dans le ventre de ma mère. Il n'est pas étonnant qu'à deux ans j'aie joué l'Hymne à la Joie d'oreille au piano. Beethoven m'a montré le chemin vers d'autres génies de la musique classique, comme Mozart, Chopin, Brahms, Prokofiev, Rachmaninov et Ravel. Quand j'étais petite, rien n'était plus fort que ce que je ressentais quand j'écoutais cette musique. Plus tard, j'ai découvert d'autres cultures musicales comme le jazz, la musique latine, la musique tibétaine, et j'ai très soif d'en découvrir plus sur la musique arabe. Le génie de l'Homme est sans limite !

Vous êtes aussi une actrice de film et de télé. Qu'est-ce qui a provoqué ces ponts ?

A neuf ans j'adorais inventer des histoires et entraîner mes amies dans des jeux de rôle, avec une mise en scène et des costumes – j'ai d'ailleurs découvert plus tard que Chopin avait l'habitude de faire ce genre de choses. C'était une forme d'expression artistique qui n'appartenait qu'à moi : pas de jugement, pas de classement. Quand j'ai arrêté ma carrière de piano, mon besoin de m'exprimer artistiquement m'a menée naturellement au jeu d'acteur. Etre actrice m'a appris que lorsque je suis sur scène pour un concert je dois raconter une histoire au public.

Votre récital aux Abu Dhabi Classics, dédié au compositeur Chopin, va ouvrir la saison. Pouvez-vous nous en dire plus sur votre inspiration pour ce concert ?

Quand Chopin a quitté la Pologne il cherchait une reconnaissance universelle. Il n'a jamais pu retourner en Pologne et il en a souffert toute sa vie. L'éloignement de sa terre natale chérie exaltait sa souffrance et la transformait en une musique à caractère universel, avec des racines solides. Partout où il voyageait en Europe, que ce fût à Varsovie, Stuttgart, Majorque ou Nohant, ses compositions reflétaient son universalité culturelle.

Avec mes origines multiculturelles (mon père est français avec des racines roumaines, ma mère est coréenne), je cherche toujours le dépaysement quand je voyage. Et dans chaque pays je joue d'une façon différente.

Que peut-on attendre de votre concert ?

Je pense que le public d'Abu Dhabi attend beaucoup de cette saison des Abu Dhabi Classics, puisque ce sera la première depuis trois ans ! Ce que j'espère, c'est que le public et moi puissions partager un moment d'intimité et d'émotions fortes. Et j'espère que chacun se sentira faire partie de l'histoire. »

Abu Dhabi World (Rachael Peacock), 02/10/2014

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