5 octobre 2024

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« Blindness is over » : Lydie Solomon (vocal, piano), Thierry Lier (piano), Darryl Hall (double bass}, John Betsch (drums)
I was so blind, I did not see
You swore me love, You swore me love to death
You worshipped me and You made me your doll
Sexy doll, sexual doll, Why did you do that to me?
Daddy, did you think You could lie to me
Daddy did you believe My dreams would Keep lying
Lying to me, Concealing the truth from me?
Sexy doll, sexual doll, Why did you do that to me?
I was betrayed by the one Who swore me love
The one that raised me and Gave me everything
But my entire life, Everything I believed
Was an illusion, it hurts so bad, Why did you do that to me?
I am a child, I have my own dreams
Sweet melodies, Tenderness and love
Reassuring embraces, And dream-like kisses and care
Baby doll, baby doll, Why did I let you do that?
I was so blind, I did not see
Daddy did you believe My dreams would Keep lying
My entire life, Everything I believed
Was an illusion, it hurts so bad, Why did you do that to me?
Jacques Thévenet : « Blindness is over », Lydie Solomon, album « Qu'on se le dise ! ». Lydie, notre invitée aujourd'hui. Alors, après avoir entendu cette version à une voix… aux deux pianos, sur ce titre-là ? Bonjour, bienvenue à toi, Lydie. »
Lydie Solomon : « Bonjour, Jacques. Au piano, c'était Thierry Lier, à la voix moi-même, et à la batterie John Betsch, à la basse Darryl Hall. »
Jacques Thévenet : « Alors, ça démarre très classique, et jazz, ça swingue d'enfer ! Alors oui, des artistes, des musiciens qu'on connaît bien à JazzBox, et notamment, on va les citer : John Betsch, Darryl Hall, Nicolas Rageau que nous saluons, et les autres que je connais beaucoup moins, et qui sont dans ton album. Tu vas nous parler un petit peu des musiciens, comme ça, en passant ? »
Lydie Solomon : « Bien sûr ! Bon, dans cette chanson on a eu John et Darryl, ç'a été vraiment… Chaque rencontre, avec chaque musicien, a été un coup de cœur, une rencontre autant humaine que musicale, et c'est la rencontre humaine qui a fait cette alchimie musicale puisque, quand on a enregistré ces chansons, on n'a pas enregistré de manière méthodique, avec chacun sa piste dans une cabine séparée, mais on a vraiment fait beaucoup de prises globales, en live, en fait. Et c'est ça qui a fait qu'il y a eu un parfum de spontanéité, très vivant. »
Jacques Thévenet : « Alors, tous les ingrédients y sont, dans cet album : la qualité, le son, et la clarté, et puis la musicalité, et qu'on se le dise ! Alors, d'où vient ce titre, « Qu'on se le dise ! », parce que « Qu'on se le dise ! », c'est le titre de l'album. Il va falloir peut-être le dire en toutes les langues : qu'on se le dise ! »
Lydie Solomon : « Exactement… Qu'on se le dise ! ¡Que corra la voz! Spread the word! Alors : Qu'on se le dise… Oui, bonne question, parce que c'est vrai que c'est un titre un petit peu surprenant… Pour comprendre le titre, il faut comprendre d'où vient cet album, et c'est vrai que cette histoire est très particulière. Elle mérite qu'on s'y arrête un petit peu. C'est un petit peu long mais on va dire que la maman de ce disque, c'est un disque que tu connais bien puisque c'est sur cet album qu'on s'est rencontrés il y a déjà quinze ans ! »
Jacques Thévenet : « Quinze ans, waouh ! »
Lydie Solomon : « Le temps passe, mais le temps s'est arrêté… »
Jacques Thévenet : « Tout à fait ! »
Lydie Solomon : « C'était « Harmonie ». J'étais à un point de ma carrière où j'avais vraiment besoin de prendre du recul par rapport à ma carrière de pianiste de musique classique : j'ai commencé comme enfant prodige à un piano à deux ans en jouant l' « Hymne à la Joie » d'oreille, et puis tout s'est enchaîné très, très vite sans que j'aie pu, au fond, vraiment prendre du recul par rapport à ce qui était mes choix artistiques. Et donc à ce moment-là j'ai fait, on dirait aujourd'hui une sorte de burn-out, en tout cas une prise de recul, ou quelque chose qui, en moi, nécessitait d'élargir mon champ d'expression artistique. Et Thierry, qui à l'époque n'était pas du tout mon époux – on était amis – me disait : « voilà, écoute, t'as qu'à t'essayer à la chanson ». Il se trouve que j'avais composé une chanson qui s'appelle « Little moon » et qui est la piste 16 de cet album, et qui est présente aussi dans le disque « Harmonie »… Mais je l'avais laissée dans mes tiroirs, j'avais pas trop confiance, et puis… on a commencé à la chanter. Et là, on a rencontré ces musiciens de jazz, John, Darryl, Remilson Nery, qui est un percussionniste brésilien extraordinaire également, Nicolas Rageau, Simone Prattico, Pablo Nemirovsky, et François-Xavier Clarenc, qui se sont ajoutés au fur et à mesure des pistes… des titres. Alors, à l'époque, on a enregistré six chansons, qu'on a mises dans « Harmonie », et il y avait un double CD avec le concerto en sol de Ravel que j'avais joué avec un orchestre symphonique. Donc c'était une sorte de mise en miroir de la musique classique de Ravel, qui aimait beaucoup le jazz, et la musique jazz. Bon, on en était resté là, et le reste des enregistrements, on les avait laissés dans une boîte précieuse, une boîte blanche, avec plein de CD de maquettes qui sont restés en l'état pendant quinze ans. Et là, ce qui s'est passé, c'est une succession d'événements très positifs qui nous ont surpris, et on s'est laissé porter par ces événements. Le premier événement, c'est que c'était l'année dernière, on avait une fête familiale un peu spéciale… c'était rien de moins que notre mariage religieux, à Thierry et moi, et ça s'est succédé comme ça : il y avait un clavier, on a invité Darryl, Remilson, et là on a commencé à faire le bœuf, pour la première fois depuis quinze ans… C'était comme si le temps s'était arrêté, comme si les quinze ans n'étaient pas passés, comme si on avait repris une répétition le lendemain de notre concert au Duc des Lombards qu'on avait fait en 2009. Un tel désir de rejouer ensemble, on s'est dit : « mais on peut pas laisser ça comme ça ! » Et alors, du coup, ça nous a donné l'idée de rouvrir cette boîte blanche qui était pleine de poussière, tout en haut d'un meuble… »
Jacques Thévenet : « Carrément ! »
Lydie Solomon : « On a ouvert cette boîte, on a tout réécouté attentivement avec Thierry. On s'est dit : « mais… il y a une mine d'or ! Faut tout réécouter, et on va remettre ça en forme. » Donc c'était à la fois des chansons qui n'existaient pas dans « Harmonie » – parce que sans doute les textes étaient peut-être trop audacieux, j'étais peut-être pas prête à présenter ça au monde à ce moment-là – d'autres qui étaient différents arrangements. Et on en a fait une histoire, parce que moi j'aime bien raconter des histoires dans les albums, c'est une sorte de confession musicale… »
Jacques Thévenet : « C'est vrai, parce que chacun de tes albums, autrefois… je me souviens que tu nous les avais présentés à bord de JazzBox… »
Lydie Solomon : « Tout à fait ! »
Jacques Thévenet : « Et là aussi, on les réécouterait en ce moment, ça n'a pas pris une seule ride, et ça donne envie de les réentendre, justement… »
Lydie Solomon : « Merci… »
Jacques Thévenet : « Et sur cet album, on retrouve les morceaux… »
Lydie Solomon : « Exactement. On retrouve des morceaux d' « Harmonie », mais on en a rajouté onze. Donc, des nouvelles chansons, de nouvelles versions, par exemple si tu prends « In the midst », version avec rythmique, la piste 11, l'histoire est incroyable : on était en train d'enregistrer la version originale de « In the midst of life », qui est un texte tiré d'un opéra de Purcell, et puis Darryl commence à dire : « tiens, c'est sympa… what about a funky version! » Alors là ils sont partis dans un rythme funky, et puis moi j'ai improvisé une interprétation là-dessus, et ça s'est fait comme ça… Et tout était comme ça : spontané, vivant… vraiment l'instant présent. »
Jacques Thévenet : « Alors, on va y revenir peut-être sur ces titres-là, tu vas nous les présenter. Il y en a un dont tu parlais tout à l'heure, « Little moon », en version voix-piano seul, ça serait peut-être bien qu'on l'écoute, Lydie ? »
Lydie Solomon : « Avec plaisir ! »
Jacques Thévenet : « Très bien. Et alors, dernière question quand même, avant de l'entendre : si je comprends bien, il y a eu un laps de temps où la musique – ça existe toujours, quand même, la musique – mais là, ça n'existait plus… »
Lydie Solomon : « Pendant quinze ans, tu veux dire ? »
Jacques Thévenet : « Oui. »
Lydie Solomon : « Ce qui s'est passé, c'est que quand « Harmonie » est sorti j'étais dans une période de recherche d'exploration artistique différente, mais… chassez le naturel, il revient au galop ! Au fil des concerts – il y a eu le Duc des Lombards, on a fait après un spectacle musical avec Thierry qui s'appelait « L'homme et l'enfant », qui était un spectacle… parce que je suis comédienne aussi, j'ai joué dans des films et des séries, et comme tu le sais que j'aime raconter des histoires, dans nos concerts, on fait une sorte de storytelling, on raconte une histoire, pas toujours avec des mots, ça peut être avec des expressions de visage ou des onomatopées, c'était le cas pour « L'homme et l'enfant » : on racontait… c'était un conte musical qui déroulait beaucoup de chansons d' « Harmonie », et d'autres chansons également – et puis au fil des concerts le public vient me voir et me dit : « vous jouez très bien du piano, n'avez-vous jamais songé à une carrière classique ? », alors que j'étais née… comme Obélix, j'étais tombée dans la marmite ! Donc le naturel est revenu au galop, je suis repartie dans les concerts classiques, je suis repartie dans les tournées, en France, à l'étranger, et c'est comme ça que sont passés les quinze ans à, finalement, explorer la musique différemment, parce que j'étais enrichie par cette expérience. Mais c'est vrai que l'expérience « jazz », entre guillemets, était… est restée un peu sous le boisseau. Donc c'est pas que la musique était partie, mais cette musique-là, en tout cas, était un peu sous le boisseau… »
Jacques Thévenet : « Très bien, alors on écoute « Little moon », et on revient ensemble pour l'interview. Lydie Solomon : « Little moon ». »
« Little moon » : Lydie Solomon (vocal), Thierry Lier (piano)
Hey little moon, Why are you so shy
Are you not afraid of being swallowed By the dark, dark sky?
Like an eye lash, Like a feather
You offer me a pretty silver smile, You are so tenderly curled up
But I long For the day
For the day I know you'll glow with pleni… plenitude
‘Cause it's twenty eight, It's twenty eight days less
It is that much less to suffer in that shell
Oh little moon, Now you're the only one
I can talk to ‘cause today he left home, I just don't know how to love
And I ran at him, I stuck my body to the door
But his wise and tired look in his eyes made me feel
So ashamed About my childishness
I just did not get why time would not indulge me for once
He just sighed at me, He pushed me aside and made his way
Made his way to the door then he disappeared for good
Don't you think it's time
It's time for me to free my love from my claws
I'd like to hide away like you
JazzBox Radio International, best radio jazz in France, real friendship.”
JazzBox Radio International (Jacques Thévenet), 05/10/2024